Dès que je parle de mon nouvel emploi à la YWCA, j’arrive presque à voir dans les yeux de mes interlocuteurs la première chose qui leur vient en tête : des costumes, des moustachus et cette mélodie accrocheuse…
Ensuite, on me demande souvent si je travaille en basse-ville, et si l’on ne me parle pas carrément de la YMCA, on m’avoue tout simplement ignorer presque tout de cet organisme, qu’on a pourtant vaguement l’impression d’avoir vu un peu partout. Aujourd’hui, donc, pour tous les mêlés et pour les avides de culture générale, on vous dresse un portrait clair de la situation YWCA / YMCA.
W pour Women et M pour Men
YMCA et YWCA sont en fait des acronymes pour les Young Men’s Christian Associations et les Young Women’s Christian Associations. On retrouve autant les premières que les secondes un peu partout dans le monde, et ce depuis plus de 150 ans. Or, malgré le fait que ces organismes portent des noms aussi similaires, ils ont des origines distinctes.
Les Y, des origines à aujourd’hui
Fondée à Londres en 1844 par le philanthrope George Williams, la première YMCA avait pour but de permettre à des jeunes en situation précaire de se regrouper pour prier. L’organisme a rapidement pris de l’ampleur autant sur le plan de ses services que de sa mission. En 1891, Luther Gulick faisait du triangle équilatéral le symbole officiel de la YMCA, pour promouvoir la recherche d’équilibre entre le développement du corps, de l’intellect et de l’esprit. Aujourd’hui encore, les YMCA ont pour objectif d’aider les jeunes à s’épanouir pleinement et à s’impliquer dans leur communauté.
La première YWCA, quant à elle, est née en 1877 de la fusion de deux organismes anglais, soit le « North London Home » fondé par la philanthrope Mary Jane Kinnaird et la « Prayer Union » mise en place par Emma Roberts. Si la vocation première de l’organisme était celle d’offrir aux femmes un refuge chrétien en marge de la vie urbaine, la mission des YWCA s’est précisée au XXe siècle en prenant un tournant à caractère plus sociopolitique: aider les femmes à prendre conscience de leur statut en société et de se soutenir dans une démarche d’autonomisation.
Aujourd’hui, Les YMCA du Québec sont regroupées en une seule organisation, tandis que les YWCA canadiennes sont toutes indépendantes, mais membre d’une même association: la YWCA Canada. La YWCA Québec est ouverte depuis 1875 et elle se situe maintenant dans un bâtiment fraîchement rénové sur la rue Holland, dans Saint-Sacrement. Les YMCA du Québec s’impliquent pour leur part dans la Vieille-Capitale depuis 1854 et elles rouvriront un centre de services dans Saint-Roch en 2020, c’est-à-dire près de 15 ans après la fermeture du dernier centre YMCA de la Ville de Québec, alors situé sur la Place d’Youville.
Mixtes ou non-mixtes, Les YW et YM?
Maintenant que cette première partie de la situation est éclaircie, attaquons-nous à une autre question: mixtes ou non-mixtes, les YW et les YM? Dans le cas des YMCA, la mixité a progressivement été adoptée au fil de l’histoire. L’ensemble de l’organisme a finalement renouvelé sa mission en y incluant les femmes sans ambiguïté.
Dans le cas des YWCA qui – on le rappelle – sont indépendantes, c’est du cas par cas. La YWCA Québec, pour sa part, réserve certaines de ses activités exclusivement aux femmes, là où se fait sentir pour elles le besoin de se retrouver ensemble. Ainsi, bien que les bains libres soient mixtes, plusieurs cours du centre de loisirs sont réservés aux femmes*, comme le sont l’hébergement ainsi que le membership, le C.A., certains postes et les programmes jeunesse du Centre filles. Le reste de l’organisme inclut les hommes, comme pourra vous en témoigner Gilles Teillet, qui accueille les usagers de la YWCA Québec avec le sourire depuis maintenant plus de 25 ans.
*La YWCA inclut aussi, dans ces activités, les personnes non-conformes de genre et les femmes trans.
YWCA et YMCA : deux organismes distincts, mais un but commun
Si les YWCA et les YMCA du Québec ont depuis longtemps mis de côté l’aspect religieux de leurs missions, elles demeurent tout de même en continuité avec leurs vocations initiales par rapport à l’aspect communautaire et à la relation d’aide.
À Québec, en particulier, la YMCA Saint-Roch et la YWCA Québec offriront toutes deux des services de proximité pour la communauté qui les environne: piscine, loisirs, entraide, développement personnel et soutien communautaire sont au programme. Il n’est d’ailleurs pas surprenant d’apprendre que les deux associations aient souvent collaboré par le passé, que ce soit sur le plan des services de travaux compensatoires ou d’autres manières.
En conclusion
Après ce topo éclair, vous devriez maintenant être en mesure de mieux vous orienter par rapport à la situation des YWCA et des YMCA au Québec. Cependant, avant d’être qualifiés d’experts en la situation, il vous reste encore une chose cruciale à apprendre: mais d’où vient la fameuse chanson?
Titre le plus connu du groupe disco Village People, Y.M.C.A. aurait été co-écrite par le réalisateur du groupe, Jacques Morali, et le chanteur principal et parolier Victor Willis à la suite d’une simple conversation. Tous deux installés dans leur studio, Moralis aurait demandé à Willis: « mais qu’est-ce que c’est la YMCA exactement? »
Après que Willis ait répondu à Morali, il aurait ajouté, en voyant l’expression de son réalisateur : « ne me dis pas, Jacques, que tu veux que j’écrive une chanson à propos de ça? »
Marie-Ève Fortier
Centre filles – YWCA Québec