Je suis avec l’équipe d’intervention de l’hébergement de la YWCA Québec depuis maintenant 7 ans. Des collègues, des changements et des défis, nous en avons vu passer. Mais c’est particulièrement ces temps-ci que je suis fière de dire que je fais partie de cette équipe. Je suis habituée de voir ces collègues chaque jour, de dîner avec elles, de partager leur quotidien, et c’est peut-être le fait que mon rôle actuel m’amène à faire du travail à la maison et à être moins présente physiquement qui me fait prendre conscience de toutes les belles choses qui se passent aux services sociaux. Ne m’y méprenez pas, j’ai toujours su qu’on avait une équipe de feu, mais la crise actuelle rend ce qui était évident encore plus brillant.
Être intervenante à la YWCA, ça veut dire passer 35 heures par semaine dans le quotidien de 60 femmes et leurs enfants qui ont vécu et qui peut-être vivent encore une grande période de noirceur. C’est semer des petites graines d’espoir et de bonté jour après jour auprès de cette femme de près de 70 ans qui a vécu l’instabilité toute sa vie, c’est cheminer avec une jeune maman qui sort d’une relation difficile, c’est aussi répondre à des situations de crises et « dealer » avec le mal-être jour après jour. Être intervenante dans un milieu comme la Y, c’est exigeant, mais c’est si beau à la fois.
Et puis vient la pandémie. Concrètement, ce que ça change pour mes 28 collègues, c’est d’avoir à se réajuster tous les jours en suivant les nouvelles consignes pour s’assurer que tout le monde reste en santé, de devoir rentrer à la dernière minute pour aider avec une distribution de nourriture ou pour cuisiner des repas qui seront remis aux femmes. C’est de se rendre disponible plus que jamais, malgré la vie qui continue, pour être capable d’assurer une présence à toute heure du jour. C’est aussi de passer par-dessus son anxiété afin d’assurer une présence bienveillante et d’être rassurante pour tout le monde. Le « toute autre tâche connexe » prend beaucoup de place dans nos vies ces temps-ci, mais l’engagement, l’entraide et l’enthousiasme dont font preuve mes collègues me touchent au plus haut point.
On en entend peu parler dans les médias, de ces intervenant(e)s du domaine social qui continuent à être présent(e)s tous les jours puisqu’ils travaillent pour des services essentiels. Les membres du personnel médical sont les anges gardiens de la société, mais sachez que les intervenantes de la Y sont les anges gardiens des nombreuses femmes qui y vivent présentement. Nous avançons plus que jamais ensemble, toutes vers un même but, celui de s’assurer que toutes les femmes avec qui nous partageons notre quotidien soient en santé et en sécurité. Et de nous voir ainsi mobilisées, unies et à l’écoute l’une de l’autre me remplie de fierté, et me fait me rendre compte que nous avons définitivement la meilleure équipe du monde.
L’équipe des services sociaux de la Y, c’est un grand arc-en-ciel où chaque personne a sa couleur et où chaque couleur a sa place. Maintenant plus que jamais.
Anne-Sophie Marcoux
Adjointe administrative à l’intervention