Notre Centre filles a pour mission de mettre en lumière la force des filles depuis ses 10 ans d’existence. De briser l’isolement de celles qui sont les plus vulnérables et d’amener chacune à prendre la parole, à développer son leadership. Depuis 10 ans, nous accueillons les jeunes telles qu’elles sont dans nos comités filles, qui se veulent des espaces bienveillants et sécuritaires (safe spaces) dans lesquels chacune sera à l’aise de s’exprimer sur les enjeux qui les touchent.
Alors qu’on apprend à se connaître en tant que groupe, au cours de l’année – que ce soit à l’école, dans un milieu HLM ou encore communautaire – les jeunes s’ouvrent à nous, nous font part de ce qui les préoccupent de manière sociale ou personnelle. Et bien souvent, nous sommes alors confrontées à des témoignages aussi difficiles qu’importants à entendre : des expériences de violence sexuelle ou de relations malsaines.
Comme vous, nous avons été témoins, non sans bouleversement, de la vague de dénonciations de harcèlement et d’agressions sexuelles qui a débuté il y a un peu plus d’une semaine sur différentes plateformes. Ce sont des centaines de victimes qui ont pris leur courage à deux mains pour s’exprimer sur leur vécu et reprendre ainsi une part de pouvoir sur leur vie.
La ressemblance entre ces discours nouvellement dévoilés dans l’espace public et ceux que nous ont confié certaines de nos participantes au cours des dernières années est frappante. Elle nous fait constater l’immensité d’un problème qu’on ne pouvait qu’effleurer à travers notre pratique: les violences sexuelles dont les femmes sont principalement victimes, et qui débutent souvent dans leur enfance, ont trop longtemps été passées sous silence et n’ont pas été adressées correctement.
Dans ce contexte, non seulement notre mission de soutien, d’empowerment et d’éducation aux relations saines et égalitaires trouve-t-elle encore plus son sens, mais nous réalisons aussi à quel point il est important de soutenir les victimes qui ont choisi, elles aussi, de briser leur isolement et de s’exposer – car oui, la dénonciation publique comporte plusieurs risques, notamment légaux. C’est pourquoi nous tenions à vous partager, ci-dessous, une liste de ressources pertinentes et d’informations utiles dans le but de protéger et d’appuyer les survivantes dans leurs démarches. Bien sûr, nous reconnaissons aussi le besoin de certaines personnes de garder le silence, ainsi que le fait que le problème systémique que constitue la culture du viol affecte non seulement les femmes, mais aussi les personnes issues de la diversité de genre, ainsi que les hommes.
Nous sommes plus prêtes que jamais à poursuivre notre mission d’éducation, d’empowerment et de prise de parole, en espérant regarder vers un avenir où l’espace public pourra lui aussi constituer un safe space où chacun peut faire part de son vécu et nous aider à aller de l’avant.
En toute solidarité, on vous croit.
Liste de ressources et d’infos utiles
Pour du soutien et de l’aide proffessionnelle
L’organisme communautaire Viol-Secours (le CALACS de la Ville de Québec) peut aider les victimes d’agression sexuelle dans leur cheminement grâce à sa ligne d’urgence et à ses nombreux services de soutien.
Violence Info, de son côté, est un organisme qui lutte contre la violence conjugale et amoureuse, qu’elle soit physique ou psychologique. Ils offrent aussi de nombreux services aux victimes, comme leur ligne d’écoute ou encore leur volet d’intervention individuelle ou de groupe.
Pour dénoncer de façon anonyme
Le compte Instagram Victims voices Québec permet de publier son témoignage sans qu’on l’on puisse se faire retracer. Plusieurs autres comptes Instagram similaires existent pour différentes villes ainsi que pour différents secteurs (musique, restauration, etc.). Sur Facebook, la page Dis son nom offre le même genre de visibilité aux témoignages.
Pour être à jour sur les listes de personnes dénoncées
Plusieurs comptes Facebook et Instagram font circuler quotidiennement des listes de noms mises à jour, notamment avec quelques infos permettant de bien identifier les personnes mentionnées, et parfois aussi avec quelques détails sur les allégations. Parmi ces sources, on peut compter Hyènes en jupons ou encore cette publication Facebook.
Pour se protéger contre les menaces judiciaires
Le fait de dénoncer un agresseur publiquement sur les réseaux sociaux, dépendamment des allégations, peut en effet se retourner contre la victime: il est possible que son agresseur tente de la poursuivre en justice pour diffamation. C’est pourquoi il est recommandé d’utiliser des manières anonymes de dénoncer. Pour mieux connaître les risques reliés à ces démarches, vous pouvez appeler la ligne d’info du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) : 1 877-547-DPCP(3727).L’organisme communautaire Juripop aide aussi les victimes en leur apportant gratuitement de l’aide juridique.